L'atomisme d'Épicure

Se

éirange qu'il a suscité la conviction que le philosophe a con‘servé les dieux en paroles, mais qu'il les a détruits en réalité, et que sa foi dans les dieux n'était pas sincère (x). En vérité seulement une vénération éleyée pouvait inspirer la théodicée d'Epicure. Il les a véritablement honorés, ces êtres bienheureux et indifférents, éloignés de tous les troubles humains,.Car ils possédaient l'ataraxie, le but suprême de la philosophie d'Epicure, qui lui semblait être le bonheur suprême (2). L'atomiste a doué de l’immortalité ses dieux qui ont atteint le dernier degré de la tranquillité de l'âme, incomparablement supérieur à celui qui est accessible même au sage épicurien. Il croyait que l'éternité n’est pas horrible seulement aux êtres parfaitement calmes et sereins ; pour cela il l’attribuait aux dieux, tandis qu'il la refusait aux hommes.

La théodicée est la partie brillante du système d’Epicure : cest un poème dans lequel le philosophe matérialiste a immortalisé sa nostalgie pour une tranquillité de l’âme qui persisterait éternellement. Car la mortalité de l'âme qu'il a établie dans le désir de libérer les hommes des souffrances et des peines ne l’a pas absorbé entièrement ; il a imaginé avec joie d’autres possibilités. Sa doctrine des dieux est aussi idéaliste que l’est sa conception de l'amitié (3).

Non seulement les dieux ne se soucient plus des hommes, après avoir créé le monde et les hommes, mais les dieux n’ont pas créé le monde. Epicure en donne un bon argument. Un

(4). Ci: De ND. 1 30, 85: 1, 4,145 : I, 45, 491 : D, 4% 493.

(2) Lange, Die Geschichte des Materialismus, I Band, S. 415 V, pense : «-.… seine sorglosen-und schmerzlosen Gôtter in der Tat das wirkliche Ideal seiner Philosophie gleichsam verkônpert darstellten. » Zeller combat cet avis par ces mots insignifiants : « die menschlichen Ideale wohnen doch nicht in den Intermundien » (p. 456, note 3).

(5) La manière légère par laquelle la théodicée de notre philosophe est réfutée d'habitude est particulièrement remarquable chez Joyau. Dans son livre se trouve une lourde contradiction qui se rapporte à la théorie des dieux de notre philosophe. A Ja page 150 nous lisons: « I] en faut bien convenir, la théodicée d'Epicure est d'une déplorable faiblesse... »_ Cependant à la page 156 Joyau dit : « Bien loin de railler celle théorie comme une inconséquence inexcusable, nous croyons qu'elle se rattache parfaitenent aux principes posés par Epicure et qu'elle Jui fait honneur. »