L'atomisme d'Épicure

ne

monde aussi défectueux que le nôtre ne peut être créé par les êtres divins (r). Cet arguments est développé chez Lucrèce en accents pessimistes qui, par leur force, rappellent les déduce-

tions de Schopenhauer.

Notre terre est en grande partie occupée par des montagnes, des rochers et des marais, et par la mer. Deux tiers de la terre sont inutilisables pour les hommes, à cause de la chaleur excessive ou du froid trop grand. La partie utilisable est cultivée avec grande peine par les hommes. Mais souvent aussi les fruits de la ferre cultivée sont détruits par la chaleur, les pluies, les gelées ou les vents. Puis, sur la terre et sur la mer il y a un grand nombre de bêtes féroces qui sont jes ennemis cruels de l'homme, Chaque saison aussi apporte ses maladies qui causent beaucoup de morts. Pour exprimer mieux l’idée de la pénible existence de l'homme sur la terre, Epicure dit que l'enfant né est semblable au matelot, rejeté par la tempête sur le rivage. L'homme soutient son existence avec bien plus d'efforts que les animaux, car les petits des animaux croissent, n'ayant besoin ni de tendresse, ni de vêtements, ni de maisons, la nature leur fournissant toutes les ressources (2).

Par d’autres arguments encore Epicure prouve aussi que je monde n'est pas l’ouvrage des dieux. Les êtres sereins ne pouvaient pas espérer un bien pour eux de notre gratitude, qui les aurait conduit à créer ce qui est bon pour nous. Les dieux n'ont aucun intérêt de changer léur état de tranquillité, après toute une éternité de repos, le changement n'étant désirable qu'à ceux qui sont malheureux. Pour les hommes il n'y aurait aucun mal à n'être point créés, car celui qui n'existe pas ne peut ressentir la douleur de n'être point né (3).

La négation de la providence s'impose comme une conséquence nécessaire de ces considérations. Ce n'esi pas un es-

(1) Cf. De R. N. I, 167-181 ; Lact. De ira dei 15. (@) Cf. De R: N. V, 195-9254. ; (5) Cf. Ibid. NV, 165-180.