L'école de village pendant la Révolution

196 PIÈCES JUSTIFICATIVES. pour le faciliter dans son petit commerce, n'est surement point un savant. Je conviens qu'il ne faut pas qu'il aille plus loin; mais si vous lui montrez la ÿographie, la jométrie; si vous vous entremettez de lui faire comprendre les effets de la delectricité et de la machine plématique; si vous voulez lui persuader que le soleil, qu'il ne croit pas plus large que la gueule de son four, est un million de fois plus gros que la terre; mon cousin dit qu'avec toutes ces choses vous renversez la tête de votre paysan, vous en faites un homme dangereux, vous le jetez au-delà de la portion de son entendement; il confondra tout, etsera un ignorant d'autant plus insupportable, qu'il se croira un savant de premier ordre. Il méprisera ses égaux et même son euré, il négligera son labour et tous ses travaux...» J'ai reproduit ces diverses opinions, parce qu'elles sont l'écho des sentiments des contemporains sur les avantages ou les inconvénients de l'instruction dans les campagnes. Sans doute on trouverait aujourd'hui bien peu de personnes capables de déplorer qu'un paysan sache que le soleil est plus grand que la gueule de son four; mais il y a des questions de mesure pour l'étendue de l'instruction populaire qui sont toujours à l'ordre du jour. En tout, il faut se défier des extrêmes. C'est ainsi qu'il faudrait se garder de croire que tous les maitres d'école de l'ancien temps aient su tourner une lettre comme Bernard Penard ; de même qu'il faudrait éviter de dire que tous les maîtres d'école mettaient l'orthographe, comme ce recteur d'école de Saint-Pouange, qui à libellé ainsi une quiltance en 1782 :