L'école de village pendant la Révolution

RAPPORTS SUR L'INSTRUCTION PRIMAIRE. 223 les anciens préjugés ont loujours cet ascendant qui sera bien difficile de détruire. L'un d'eux, le nommé Chalette, est celui qui se prête le plus à enseigner la morale républicaine, et qui graduellement amènera peut-être ses élèves à l’affranchissement des préjugés et des erreurs de la superstition; contrarié par les parens des élèves qui fréquentent sa classe, dont le plus grand nombre, s’ils savaient qu'on les intruisit dans les vues du gouvernement, les en retireraient. Cet instituteur, malgré sa bonne volonté, est souvent obligé de plier, par le besoin, étant chargé d’une nombreuse famille et sans autre ressource que l’état qu'il exerce.

Le second nommé France, maitre de pension, ne sera, je crois, jamais celui qui enseignera la morale républicaine. Je suis allé deux fois chez lui ; je lui ai fait lecture de l'arrêté du directoire exécutif relatif aux écoles primaires et pensionnats; je me suis longuement étendu sur les vues du gouvernement relatives à l'instruction publique. Mon opinion, m'a-t-il répondu, est à moi; la constitution me la donne ; nul ne peut me la faire changer et | je]ne m'écarterai jamais des principes dans lesquels j'ai élé élevé. Je lui ai observé qu'en rendant compte de sa conduite aux äütorités premières, on pourrait ordonner la fermeture de son pensionnat. Il m'a répondü qu’on ferait ce que l'on jugerait à propos. Cependant, instruit depuis qu'il paraissait se plier aux vües du législateur, j'ai mieux aimé voir ce citoyen se soumettre äux arrêtés | du gouvernement, que d'avoir le désagrément de rendre un compte défavorable de celui qui pourrait encore être compté au nombre des bons citoyens,