L'école de village pendant la Révolution
30 CHAPITRE I.
dans les campagnes ; l’enseignement qu’on y donnait était inégal et restreint ; les maitres se distinguaient plutôt par la régularité de leur doctrine que par l'étendue de leur science. Leur condition matérielle variait selon les localités et selon les personnes ; il en était de même de l'instruction des enfants. Point d’uniformité, si ce n’est dans l’enseignement religieux qu’inspirait le clergé ; point d’autre contrôle que les visites assez rares des évêques, plus fréquentes des archidiacres et des curés. L'Etat n’intervenait que pour assurer le traitement du maître et contraindre les parents à payer les rétributions ; il se reposait sur le clergé pour la surveillance morale ; il se confiait aux habitants pour le choix et le salaire des maîtres; il garantissait l'exercice libre des droits des péres de famille. Sous un régime basé sur la triple prépondérance de l'autorité royale, de l'autorité ecclésiastique et de l'autorité seigneuriale, les habitants des villiges avaient plus de liberté pour le choix des maîtres de leurs enfants qu’ils n’en possèdent sous une démocratie basée sur l’égalité des droits des citoyens et sur le système représentalif. On peut même affirmer qu’ils avaient trop de liberté sous ce rapport, puisqu'ils n’étaient pas toujours capables de juger de la science d'un maître el que plus d’une fois ils furent obligés de renvoyer le recteur d'école qu'ils avaient choisi « parce que, pour me servir des termes