L'école de village pendant la Révolution, page 70
56 CHAPITRE II.
gitation qui suivit le serment constitutionnel annihila les bonnes intentions des administrations départementales. En 1791, le personnage obscur qui avait succédé à Beugnot dans les fonctions de procureur général syndic de l'Aube n'avait plus d’autre préoccupation, en fait d'enseignement, que d’éloigner de l'enfance les prêtres insermentés, «ces vils suppôts, disait-il, du fanatisme et de l’intolérance qui ne cherchent à inspirer à la jeunesse, en alarmant sa piété naissante, que des sentiments d'horreur contre la Constitution... » Aussi le conseil général ne s’occupait plus de l'instruction publique ; le procureur général syndic annonçait qu'il n’en parlerait pas. « C’est un bienfait, disaitil, qui n’est pas à votre disposition, mais que vous devez attendre de la législature, et qui nous est garanti d'avance par les lumières et la philosophie des membres qui la composent !. »
Ce n'étaient certes ni les lumières ni la philosophie qui manquaient à Condorcet, qui fut chargé après Talleyrand de présenter un rapport général sur l'instruction publique *. Mais l’Assemblée lé-
1 Procès-verbal de l'assemblée du département de l'Aube en 1191, p.21:
? Une circulaire du député Arbogast vint demander, en décembre 1791, au nom de l'assemblée législative, des renseignements sur l'instruction publique dans les départements. Il fut très-difficile d'obtenir des réponses des communes rurales. (Maggiolo, L'Instruclion publique dans le district de Lunéville, 1789-1802, Mém. Ac. Stanislas, 1876, p.58 et 71).