L'Herzégovine : ouvrage accompagné d'une carte

32 L'HERZÉGOVINE

dant des spahiliks ou fiefs, à condition de marcher chaque fois que l'empire était menacé. Ces begs et ces spahis, pour la plupart renégats ou fils de renégats, étaient exempis d'impôts et avaient le droit d'exiger des paysans, du raÿa, la dîime et les robotes ou corvées pour battre le blé des dimes, pour transporter à la ville le foin, le maïs, l'avoine, le vin. Les spahiliks, plus tard, furent transformés par la Porte en {cmiflüirs, c'est-à-dire en fermes, dont le seigneur devenait le propriétaire absolu comme dans la primitive féodalité.

Les malheureux raïas serbes, dès lors, foulés aux pieds, écrasés par les begs, les Spahis, les pachas, le vizir, vicaire du suitan dans le pays, n’ont plus d’autres propriétés que leur corps. Ils n’ont pas le droit de posséder d'élégantes demeures, de vastes domaines, de riches habits; leurs longues moustaches même doivent être coupées. En chemin, s'ils rencontrent quelque musulman, ils doivent descendre de cheval et lui céder le haut de la route; frappés par les Spahis, ils ne peuvent répondre, car les musulmans sont sacrés, et il y a peine de mort pour le ghiaour qui s'attaquerait à l’un d'eux.