L'Herzégovine : ouvrage accompagné d'une carte

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qui se rue sur la Serbie et qui va l’écraser sous le nombre.

Le départ de Lazare et le récit de la bataille forment une des plus belles et des plus nobles poésies qui existent dans aucune langue.

Le ezar Lazare était assis pour le repas du soir ; près de lui est son épouse Militza, la ezarine, et elle parle ainsi, l'épouse du roi, Militza, la czarine : « Czar Lazare ! cuuronne d’or de la Serbie! Demain tu pars pour Kossovo, et tu emmènes avec toi serviteurs et vaivodes; ne m'en laisseras-tu pas un dans ma cour? Ne me restera-t-il personne pour t’envoyer ma lettre sur le champ de bataille et attendre une réponse? Tu emmènes déjà avec toi neuf frères chéris, mes frères, les neuf Jugowitz ; laisse-moi un seul de mes frères, un seul frère, par lequel au moins puisse jurer sa sœur !. »

Et le prince des Serbes lui répond : « Dis! chère Militza, ma czarine, lequel de tes frères veux-tu que je laisse avec toi dans cette blanche demeure ? Laisse-moi Bochko Jugowitz. » Et le prince des Serbes répond : « Ainsi soit fait! Militza, ma czarine ! Demain, à la blanche aurore, au lever du soleil, quand les portes de la forteresse s’ouvriront, placetoi à la sortie ; là défileront en ordre les guerriers

1. Par mon frère, aussi vrai que mon frère vil, est un serment sacré pour une femme serbe.