L'Herzégovine : ouvrage accompagné d'une carte

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qu'il fait asseoir sur les coussins de soie en lui disant: Belle amie, Ôte-moi ma ceinture! Miiat lui dénoue doucement sa ceinture et suspend à la muraille ses armes meurtrières.

Alors le pacha l’embrasse sur la joue et mord les épaules de la belle, qui, s'échappant de ses bras, lui répond par d'autres agaceries. [l veut découvrir son sein ; elle s’y refuse en rougissant. — « Mon maitre, fume d’abord, dit-elle au pacha; le reste de la nuit sera pour les caresses. »

Heureux de sa conquête, l’infidèle enfin veut en jouir; mais en cherchant les douces mamelles, sa main rencontre la dure cuirasse du heïduque. Glacé d’effroi, il veut fuir; c’est en vain. Tomitz Miat l’arrête d’un bras solide : « Infâme pacha, il faut que tu perdes ici ton pachalik. » — Et d'un coup de sabre, il lui abat la tête. Dans le même temps, l'écho répète trente coups de pistolet.

Nous avons dit que la poësie lyrique avait surtout pris naissance et s'était développée dans le pays des montagnes. Dans la plaine, la grande poésie se rêcite et tend à disparaitre. On laisse de côté les exploits des grands guerriers et les légendes nationales; on préfère ja poësie des fables, des fabliaux, des chansons surtout, qui conservent une grâce et une candeur virginale pleines de sa-