L'Herzégovine : ouvrage accompagné d'une carte

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Robert!'. Quand les derniers Maures quittèrent Grenade, bannis par les Espagnols, il se passa un drame, plus poétique peutêtre, mais non plus attendrissant que celui dont le Stari-Vlah fut le théâtre au printemps de 1834. Ici on voyait non pas, comme en Espagne, deux peuples différents, mais un seul et même peuple, divisé en deux fractions, chrétiens et musulmans, dont l’une, se croyant par son fanatisme,' ennemie irréconciliable de l’autre, la renvoyait sans pitié du territoire obtenu par les traités. On voyait des Serbes, la croix en main, cChassant des Serbes, leurs frères, des cabanes où ils étaient nés. Le faible etle spoliateur se maudissaient dans la même langue; des troupes de mères éplorées, d'enfants à demi nus et sans abri, remplissaient les chemins. « Avec nos champs, vous nous enlevez notre pain ; nous mourrons de misère ! » disaient les proscrits aux nouveaux maîtres. « Qu'importe! vous êtes des chiens d’infidèles ! » criaient les gens de Milosch.Ainsi on voyait ces hommes, récemment arrachés à l’escla-

1. M. Cyprien Robert, les Slaves de Turquie. G