L'impôt des gabelles en France aux XVIIe et XVIIIe siècle : thèse pour le doctorat
— 112 —
livres de sel. Ces chiens pressés par la faim retournaient rapidement chez leurs maîtres ayant ainsi passé du sel en fraude. La ferme, pour éviter ce genre de contrebande, éleva des chiens pour faire la chasse à ceux des contrebandiers. Ces chiens causèrent de nombreux accidents, aussi les lettres-patentes du 6 juin 1734 interdirent-elles à tous les habitants des provinces limitrophes de Bretagne d’avoir chez eux des chiens mâtins à peine de 500 livres d'amende et à la ferme d'employer ces auxiliaires (1). Ces défenses furent renouvelées par les lettrespatentes du 7 mai 1782.
Le sel de contrebande était également introduit dans des pains de seigle et de sarrasin. Cette manœuvre fut interdite sous les peines du faux-saunage par un arrêt du Conseil du 19 juin 1777.
La contrebande donna souvent lieu à des engagements à main armée, à de véritables faits de guerre. Les fauxsauniers se montraient par bandes armées, allant quelquefois jusqu'à 3 ou 400 individus.
Ces bandes formaient une vérilablè armée de fraudeurs qui par la force cherchaient à passer le sel à travers les barrières fiscales. De là des combats avec les employés des gabelles appelés « heurtements » et dans lesquels le champ de bataille se couvrait de morts et de blessés (2). Quelquefois à la tête de ces bandes se trouvait
1. Denisart, t. Il, p. 313. 2. Moreau de Beaumont, t. V, p. 392.