L'oeuvre sociale de la Révolution française

214 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

l’ensemble se présentait avec des qualités solides et des conceptions à la fois ingénieuses et fécondes. Rappellerai-je enfin ce que j'exprimais au sujet du plan de Condorcet, c'est qu'il me paraissait qu'on pourrait bien trouver ici, et sous la plume d’un des plus grands éducateurs qui aient paru, tout le meilleur derecherches philosophiques du xvm siècle autant que l'expression presque complète des besoins nouveaux et des desiderata de l'éducation moderne. Si l’on joint à ces observations, et les iniliatives particulières dont il faut tenir grand compte, et cette heureuse émulation qui porta, à cette époque, toute l'élite de la France pensante à s'occuper de l'éducation publique; qui créa, dès l’aube de la Révolution, cette généreuse profusion de plans et de projets d'éducation, nationale, comme elle devait créer encore, à son déclin, cette noble émulation de travaux entre les professeurs des Écoles centrales. Si l’on tient compte, en un mot, de celte dépense extraordinaire d'efforts, de labeurs et de forces vives pour la plus noble des causes, si l’on reconnaît enfin qu'au milieu des erreurs, des contradictions, des crimes même qui gâtentcertaines des pages parmi les plus belles de la Révolution, seule à peu près la page de l’éducation nationale reste noble et nette, et qu'aux époques sombres même, où la passion haineuse d’un Robespierre pouvait obseurcir la notion sainte de la liberté, elle ne parvenait pas à