L'oeuvre sociale de la Révolution française

LA RÉVOLUTION ET LE CLERGÉ 323

se mettre en mesure de la combattre, il se résolut à passer la frontière ; la fuite de Varennes fut ainsi la conséquence directe et certaine de la sentence que le pape avait formulée, le 13 avril.

La Constituante léguait done à l’Assemblée qui lui succéda, la Législative, une situation fort troublée, et des devoirs fort difficiles à remplir. Chargée d’inaugurer le retour de la France révolutionnaire à une politique normale, la Législative se trouvait placée dans des conditions anormales et critiques. IT lui fallait d'abord appliquer le statut de 1791, c'est-à-dire gouverner de concert avec le roi. Or ce concert n'existait pas. Le roi gardait, avec le ressentiment de son arrestation, une espèce de haïne sacrée pour l’œuvre à laquelle on le conviait; et chez beaucoup de citoyens, une méfiance implacable avait succédé, à l'endroit de Louis XVI, à la confiance placide d'antan : le parti républicain était né. L'Assemblée devait, en second lieu, appliquer la Constitution civile : le clergé refusait de s'y soumettre.

Comment rétablir l’ordre, l'harmonie des deux pouvoirs? Un seul moyen s'offrait : la paix religieuse, bientôt suivie d’une pacification générale. Loin d’y répugner, la Législative la souhaitait ardemment. Bien que la foi de ses membres fût moins vive que celle des Constituants, bien qu'on comptât parmi eux un assez grand nombre de sec-