L'oeuvre sociale de la Révolution française

V LA RÉVOLUTION ET LE CLERGÉ 338 main, intermédiaire entre la Divinité et l'homme, comme le Messie de l'Évangile révolutionnaire. Délivré de ses rivaux par l'exécution des Dantonistes et des Hébertistes, maître incontesté du pouvoir, rassuré sur la sécurité de nos frontières par les victoires de nos armées, il se met à l’œuvre. Sur sa proposition, la Convention, qu'il domine, reconnait solennellement, au nom du peuple français, l'existence d’un Être suprème; par le décret du 18 floréal, elle arrête les dogmes de la nouvelle religion; et, le 20 prairial, Robespierre célèbre cette fameuse fête de l'Étre suprème, où il voyait la promesse d'une vie de gloire el de puissance, et qui fut la cause première de sa chute.

Le culte nouveau ainsi établi officiellement, il fallait le faire accepter de la France. Robespierre s'y emploie. Malheur à ceux qui refusent d'incliner leur conscience devant sa volonté! Pareil à l'ange exterminateur dont l'épée flamboie, l’apôtre révolutionnaire dédaigne de convaincre, mais ne se lasse pas de frapper. L'échafaud aura raison de ceux pour qui la vérité n'a pas lui; dans la république idéale, il n’y a place que pour les élus.

Mais ces violences n’atteignirent pas leur but. Le règne de Robespierre fut trop court pour qu'il ait pu exercer grande action; et, par lui-même, le culte de l'Étre suprême n’excila aucun enthousiasme. Du vivant même de son fondateur, il tendit à se