L'oeuvre sociale de la Révolution française

334 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

non dans les campagnes; et mème dans les communes où il fut le plus en faveur, parce qu'elles étaient menacées davantage de l'invasion étrangère, il se transforma vite en une sorte de religion de la Patrie, qui se superposa au catholicisme sans lui nuire aucunement. Sans appui dans le pays, il eut pour adversaires acharnés les protagonistes de la Convention. Danton voyait en lui une mascarade religieuse, qui compliquerait encore la situation politique ; Robespierre, un défi à ce christianisme qu'il désirait apurer, transformer, mais qu’il croyait nécessaire au bonheur de l'humanité. Aussi la fête du 40 novembre 1793 n'’eut-elle pas de lendemain. La Convention, qui avait semblé d’abord résignée à suivrele mouvement, changea bientôt d'avis ; devant son opposition, la Commune fut obligée de se rétracter, et le décret du 16 frimaire qui proclama à nouveau la liberté des cultes fut la condamnation formelle des idées qu'elle avait cherché à faire triompher et l'arrêt de mort du culte de la Raison.

Quelques mois plus tard, Robespierre recommence à son tour, et dans un tout autre sens, l’entreprise de Chaumette. Élève de Rousseau, il a imaginé un christianisme philosophique, dont il sera le prophète et le pontife, etqu'il rêve d'imposer à la France. Son esprit autoritaire se réjouit à la pensée d'un État théocratique; il plait à son orgueil de se considérer comme un être surhu-