L'oeuvre sociale de la Révolution française

LA RÉVOLUTION ET LE CLERGÉ 337

Quel parti prendre dans ces conditions? De maintenir la constitution civile, il ne pouvait être question. Reviendrait-on donc à l’ancien état de choses? Remettrait-on le clergé réfractaire en possession de ses fonctions et de ses prérogatives, avouant ainsi sa victoire? Scellerait-on de nouveau un pacte d'union entre l'État humilié et l'Église rebelle? Il n'y fallait pas songer.

On s’avisa alors d'une dernière solution, qui parut parfaite, la séparation de l'Église et de l'État. L'État ne pouvait plus être dans l Église, ni l'Église dans l’ État; mais l'Église et l'État pouvaient vivre en paix, même en bonne intelligence, côte à côte, libres et indépendants. La Constituante, il est vrai, préoccupée de créer un clergé national, s'était, à la presque unanimité, prononcée contre la thèse de la séparation; mais elle avait été, le 7 mai 1791, sur le point de la mettre en pratique, en accordant à tous les prêtres le droit d’officier dans des locaux privés. La Législative avait été plus avant dans cette voie : pour arrèter l'insurrection religieuse, elle avait prononcé, le 20 septembre 1792, la laïcisation de l'État civil. Le catholique insermenté et le déiste se plaignaient d'être forcés de déclarer leur mariage, la naissance de leurs enfants, Jun à un prètre assermenté, l'autre à un prêtre, quel qu'il fût. En donnant les fonctions de l'État civil aux

magistrats municipaux, la Législative marquait son 22