L'oeuvre sociale de la Révolution française

L'ARMÉE ET LA CONVENTION 363

les magistrats dans la nation, seraient recrutés par élection, pourvus d'une supériorité purement temporaire, et n'envisageraient pas leur situation comme une Carrière, leur autorité comme définitive. C’est ce que fera la Convention.

De qui l’armée devait-elle relever maintenant que ce n'était plus la personne royale, mais la nation qui était considérée comme souveraine ? Dans l’organisation du régime constitutionnel la Constituante admettait que le roi et les députés étaient également investis de la souveraineté de la nation, le premier à titre héréditaire, les derniers à titre électif, et elle donnait au roi le pouvoir exécutif, aux députés le pouvoir législatif. Or, le commandement des troupes faisait évidemment partie des pouvoirs à confier à l'exécutif, de plus ce commandement avait toujours été une des prérogatives les plus chères de la royauté. La Constituante laissa donc à Louis XVI la disposition de l’armée, en qualité de délégué de la nation au pouvoir exécutif. Mais l’Assemblée, se défiant avec raison du roi, ne lui remettait en réalité qu'une portion du pouvoir exécutif et en laissait une part considérable aux administrations locales élues; ces administrations reçurent aussi le droit de disposer des troupes, en ce sens qu'elles eurent la faculté de les requérir comme la garde nationale; enfin, aucun

moyen d'agir sur les administrations locales n'était