L'oeuvre sociale de la Révolution française

L'ARMÉE ET LA CONVENTION 365

bistes, et malgré l'interdiction de délibérer, on les voyait rédiger des manifestes, s’envoyer des dépuftalions d’un corps à l’autre, absolument comme aux premiers jours de la Révolution. Le contraire eût été surprenant, quoi qu'en pensät la Constituante. Quant aux volontaires de 1791, bien que d’excellent esprit en général, ils se conduisaient en corps autonomes; se considérant comme les véritables soldats citoyens, ils manifestaient vis-à-vis des anciens soldats de métier, c’est-à-dire de la ligne, des méfiances dédaigneuses qui irritaient profondément ceux-ci; les différences dans l’uniforme maintenaient de part et d'autre l’esprit de corps, et les querelles étaient fréquentes entre l'habit blanc et l’habit bleu. La garde nationale, du fait même de son caractère de milice citoyenne, était un exemple vivant pour les uns et les autres et les encourageait à réclamer de nouvelles libertés.

La crise politique persistante aggrava ces causes de désorganisation. La nation était divisée : les nobles et le petit peuple ignorant combattaient avec acharnement la bourgeoisie et la portion éclairée de la classe populaire. L'armée de ligne fut à ce point de vue la trop fidèle image de la nation: la Constituante ayant maintenu en fonctions les officiers de l'Ancien Régime, la plupartirrités de la déchéance politique de la noblesse, et indignés des