L'oeuvre sociale de la Révolution française

372 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

sèrent ainsi sous ses ordres. Comme elles avaient confiance dans son civisme, comme elle incarnait à leurs yeux la patrie menacée par l'invasion étrangère, elles lui obéirent docilement, et pour la première fois depuis la Révolution l'armée fut réellement soumise à l’aulorité du pouvoir central. Mais, d’après la Constitution de 1791, les pouvoirs locaux n'en restaient pas moins trop puissants. D'autre part, un nouveau péril se révéla quand Lafayette offrit l'appui de son armée à la minorité de l'Assemblée législative pour restaurer la monarchie constitutionnelle : il devint alors évident que les généraux n'étaient point disposés à obéir à la Représentation nationale, qu'elle leur en imposait moins que la personne royale, qu'ils allaient ètre tentés désormais de revendiquer pour eux-mêmes dans l'héritage du souverain déchu la propriété des troupes. Mème la théorie nouvelle de l'armée citoyenne devait leur faciliter ces pratiques de condottières : les soldats étant considérés comme citoyens et admis dans une certaine mesure à la vie politique, le général pourrait se dire à l'avenir l'interprète des vœux des citoyens sous ses ordres, et opposer leur volonté, c'est-à-dire les désirs de son ambition personnelle, au sentiment des autres citoyens et des Représentants de la nation.

Au moment où l’Assemblée législative termina sa carrière, la situation de l’armée était donc vrai-