L'oeuvre sociale de la Révolution française

L'ARMÉE ET LA CONVENTION 313

ment facheuse. Dubois-Crancé la résumera ainsi quelques mois plus tard : « J'y ai vu avec douleur « tous les abus de l'Ancien Régime concourir avec « l'exagération des idées de liberté à une désor« ganisation complète. » En présence de troupes qui représentaient, les unes, l’armée de métier, les autres, l'armée citoyenne, mais qui n'avaient plus la discipline de la première et ne pratiquaient pas encore l'abnégation civique de la seconde, il devenait urgent d’instituer la véritable armée citoyenne, disciplinée et consciente du devoir. En présence de la prépondérance des pouvoirs locaux et des prétentions naissantes des généraux, il était nécessaire de constituer un pouvoir fortement centralisé et capable de se faire obéir des uns el des. autres.

A la vérité, quand il fallut barrer à l'invasion prussienne les routes de la Champagne, l’enthousiasme patriotique, la haine de l'oppresseur étranger unirent dans un même élan soldats et officiers des régiments de ligne, troupes de ligne et bataillons de volontaires. Comme l'avait espéré la Constituante, les rivalités firent place à l'émulation, les divisions à la fraternité, le sentiment commun du devoir et l'amour du pays suppléèrentà la faiblesse de la discipline et au manque de cohésion. Sous l'influence des mêmes passions, les administrations

locales s’empressèrent à l'envi de servir le pou-