L'oeuvre sociale de la Révolution française

380 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

« Loyens en état de porter les armes ». Les montagnards Dubois-Crancé et Saint-Just sont les défenseurs les plus ardents de cette thèse.

Mais, sur les moyens de la faire passer dans la pratique, les avis diffèrent. Deux systèmes sont en présence, au mois de février 1793. La majorité penche pour un nouvel appel aux volontaires, appel qui renforcera les troupes des citoyens les plus patriotes sans fouler Le pays. Mais c’est là une dérogation au principe même. Dubois-Crancé s’en indigne, et il reprend sa proposition du 16 décembre 1792 : «la conscription de tous les citoyens, dans chaque « département, en état de porter les armes, en rai«son de leur nombre effectif ». Il la considère comme la seule qui soit conforme aux principes et aux nécessités.

Quel que soit le procédé de recrutement, à côté des citoyens appelés au service actif, d'autres, la majorité même, ne figureront pas sur le champ de bataille. Il faut conserver une garde nationale pour le service d'ordre à l’intérieur ; il existe dans l’armée des fonctions administratives, un ensemble de bureaux qui réclament un personnel considérable; enfin l'âge, le sexe, des causes diverses retiendront une bonne partie de la population dans ses foyers. Mais le principe, l'intérêt de la défense nationale, la reconnaissance à laquelle sont tenus les citoyens qui n'affrontent pas le feu de