L'oeuvre sociale de la Révolution française

L'ARMÉE ET LA CONVENTION 393 tion de la solidarité, ceux de ses membres qui sont coupables aux responsabilités qui doivent les atteindre et aux châliments qu'ils méritent.

Ce n'est pas seulement le principe d'égalité qui est ici en jeu. Chaque corps de troupes ne représente qu'une fraction de la nation tandis que le général est le mandataire de la nation entière, désobéir au général c’est s’insurger contre la souverainelé de la nation. D'autre part, se liguer avec un collègue ou un camarade pour lui permettre d'esquiver les pénalités qu’il encoure, c’est vouloir assurer le salut des individus au détriment du salut public.

Sédition collective et solidarité avec un coupable sont aussi des manifestations funestes de l’eSprit de corps. Or la Convention a une haine profonde pour l'esprit de corps. Il est, d’après elle, en opposition complète avec l'esprit civique; il est l'expression des ambitions particulières et des intérêts particuliers coalisés, alors qu’on ne doit avoir d'autre ambition que celle de servir la nation et que l'intérêt général seul doit guider toutes les âmes. L'esprit de corps est surtout, dans les circonstances présentes, l'ennemi le plus redoutable de l’armée citoyenne et de l'unité nationale. Dans l’armée il est invéléré, il y perpétue les divisions; et la Convention se rend compte qu’elle le fortifie en donnant aux corps de troupes le droit d'élire leurs officiers.