La Bulgarie : ses ambitions, sa trahison : accompagné des textes de tous les traité secrets et correspondances diplomatiques

_ 99 Très urgent.

À Sa Majesté le chef suprême. (Copie pour le président du Conseil.) Sofia.

C’est pour moi un devoir sacré d'informer Votre Majesté, que la situation de l’armée devient de jour en jour plus critique. Le mécontentement a atteint les plus vastes proportions et la révolte gronde parmi les troupes parce qu’elles se trouvent dans une position inextricable. Etant donnés les renseignements que je possède, je crains que le désordre, dont nous sommes menacés, n’éclate d’un moment à l’autre. D'un autre côté — les renseignements sont précis — les Turcs préparent sérieusement une action contre nous. Ils se fortifient, amènent des canons, reforment les effectifs par de nouvelles recrues, etc. Considéré dans son ensemble, tout ceci nous montre que la situation est très grave, et si nous ne réagissons pas à temps, je crains que nous n’exposions le pays à une catastrophe. Je Vous prie de faire, sans retard, tout le nécessaire pour nous libérer de la Turquie et pour régler nos affaires communes avec elle. Laïsser se prolonger la situation actuelle, c’est exposer et l’armée et la patrie à un danger très grand‘.

Andrinople, le 27 avril/10 mai 1943. N° 4040. Signé : Le lieutenant-général, SAYOFF.

Cette dépêche du général Savoff provoqua le mécontentement de la Cour. La Camarilla se livra aussitôt à des intrigues, et l’on ne parla plus que du remplacement du général Savoff. Le bruit se répandit jusqu'à Andrinople et vint rapidement aux oreilles du général lui-même. Sans la moindre

* Dnevnik (Journal du général Savoff), n° 4220 du 30 mai/13 avril 4914.