La correspondance de Marat

LA CORRESPONDANCE DE MARAT 71

répété l'expérience de Grimaldi. Il va encore pius loin, et prouve que la lumière n'est pas décomposée en passant au travers du prisme. Il prouve cette proposition en nous offrant un faisceau de rayons solaires, avec lequel il est impossible de produire le spectre, tel considérable que puisse être le nombre des prismes au travers desquels on le fait passer. Pour cet effet il fait passer les rayons au travers d’une lentille, et reçoit leur foyer sur un prisme; le résultat de cette opération n'offre jamais qu'un champ de lumière pure, dontles bords seulement sont circonscrits par des croissants colorés. Phénomène que notre auteur croit incompatible avec le système de Newton.

Le chevalier Newton avait pris le plus grand soin, dans son traité d'optique, d'établir, sur des fondements solides, la théorie de la différente réfrangibilité des rayons hétérogènes; et les expériences et les observations qui y avaient été employées semblaient y répondre parfaitement. Mais notre auteur porte même à cette théorie un coup audacieux. Il analyse les expériences de notre grand philosophe, et prononce qu'elles sont illusoires. Il prétend prouver par des faits simples et décisifs que les rayons hétérogènes sont tous également réfrangibles. Nil mortalibus arduum est.

Si les rayons décomposés au bord du trou du volet de la fenêtre sont différemment réfractés par le prisme, notre auteur n’attribue cet éffet qu'à leur déviation à l'approche du trou. Il observe à cette occasion que la déviabilité des rayons a toujours été confondue mal à propos avec leur réfrangibilité; comme aussi, qu'il paraît par une multitude d'expériences faites (de différentes manières et toujours suivies par les mêmes résultats) que le jaune est le plus déviable, et que le bleu est le moins déviable de tous les rayons, ce qui est entièrement différent de la théorie de Newton sur la réfraction.

S'il est vrai, dit notre auteur, que la lumière ne soit pas décomposée par le prisme dans les expériences de Newton, et qu'elle ne snit jamais décomposée par la réfraction dans les verres d'une bonne espèce et d’un beau poli, il s'ensuit évidemment que l'aberration de réfrangibilité, qui a donné tant