La correspondance de Marat

LA CORRESPONDANCE DE MARAT 83

proposés aux physeen sous la forme de problèmes à résoudre, et qu'on s’est contenté de regarder comme une plaisanterie. En voici l'énoncé en style ordinaire, tel qu'il a paru dans plusieurs de nos papiers publics.

« Faire, au moyen de l'Électricité, que deux corps se repoussent, de manière, non seulement que leur répulsion augmente lorsqu'une personne sur le plancher touchera un conducteur auquel ils sont suspendus, et qu’elle subsiste encore malgré qu'on les ait maniés eux-mêmes pendant plusieurs secondes, mais aussi de manière, qu'en leur présentant le doigt, ils le suivent, et qu'en leur présentant un doigt de part et d'autre ils s’attirent avec force. »

En donnant ce problème à résoudre aux physiciens, M. Marat demandait qu'ils indiquassent les principes dont dépend sa solution.

Je me bornerai maintenant à vous exposer le fait, tel ie je lai vu chez l’auteur.

« À deux ou trois pieds d'une machine électrique, isolez : sur des cordes de soie un cylindre métallique à bouts arrondis ; suspendez-y, par -des bouts de fil de lin de huit à dix pouces, deux boulettes de liège de deux à trois lignes de diamètre. Mettez en jeu la machine; si elle travaille avec énergie, vous verrez au bout de quelques tours les boulettes se repousser d’elles-mêmes. Peu après, présentez le doigt aux boulettes, elles s’y porteront; alors touchez au cylindre, elles se repousseront davantage, ensuite maniez légèrement les boulettes, elles resteront écartées. Touchez au cylindre, elles repousseront'un peu plus; présentez-leur le doigt, elles le fuiront, présentez-leur un doigt de part et d'autre, elles s’attireront avec force. »

Voilà, Monsieur, ‘des phénomènes, non seulement très nouveaux, mais diamétralement opposés à tous ceux qu’on avait observés jusqu'à présent. Il en est peu d'aussi propres à piquer la curiosité. Combien de machines vont être en jeu pour les vérifier. Mais laissons vos têtes bretonnes s'exercer à en découvrir les causes, et permettez que je me réserve le