La correspondance de Marat

84 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

plaisir de vous faire part de la sublime théorie de l’auteur. N° 46.

« Le Courrier de l'Europe ».

Vendredi 3 mai 1782.

Paris, ce 14 avril. Monsieur,

S'il ne faut mettre au nombre des auteurs originaux que ceux qui, comptant pour rien les recherches des autres, vont eux-mêmes puiser à la source et savent répandre des flots de lumière sur les sujets les plus obscurs, M. Marat mérite assurément un rang distingué; mais parmi les auteurs qui ont cultivé l'électricité, cette belle branche de la Physique, s’il faut distinguer ceux qui se sont appliqués à en faire une science exacte, et à lui donner le degré de certitude et d'utilité dont elle est susceptible, M. Marat lient sans doute le premier rang.

‘Jusqu'à lui, l'électricité était dans un chaos affreux, ou, pour mieux dire, à peine ébauchée ; elle n'avait ni ensemble, ni principes, ni lois, toutes ses parties n'étaient pas mêmes connues. Ouvrez les livrés publiés sur cette matière, qu'y trouvez-vous? beaucoup de conjectures, peu de fais, ou plutôt une multitude de faits isolés, d'expériences rentrant les unes dans les autres, d'observations pliées à des hypothèses particulières, d'opinions hasardées, fausses ou triviales ; voilà ce qu'ils offrent presque tous; sous ce point de vue l'étude de l'électricité était aussi peu utile que dégoûtante.

Après tant d'essais uniformes, il est agréable sans doute de voir paraître une théorie complète aussi solide que lumineuse .