La correspondance de Marat

110 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

quelques remarques sur la délibération des représentants de la Commune de Paris ?

Ils commencent par exprimer la profonde indignation que leur inspire l’accusation calomnieuse de l’auteur de L'Ami du Peuple contre un de leurs membres. Je ne sais si profonde indignalion est le vrai mot, après tout ce qui s’est passé entre eux et moi; mais ce n'est.pas le moment de toucher celte corde. À l'égard de l'accusation calomnieuse dont ils chargent L’Anu du Peuple, je leur observerai qu'ils ne connaissent pas la valeur des termés. Une

_calomnie est une fausseté inventée dans le dessein de

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nuire ; or, il n'y a rien de tout cela dans ma dénonciation. D'abord, je n’ai point l'honneur de vous connaitre personnellement, et jusque-là je n'avais rien eu à démêler avec vous ; ainsi, point de malveillance dans mon fait ; l’odieuse calomnie dont vos Messieurs m’accusent se réduit donc tout au plus à une offense involontaire.

Voyons même si je suis répréhensible. Témoin d'une scène publique, peu édifiante pour Messieurs de l'Hôtel-deVille, qui s'est passée, et à la porte du vestibule de la salle des représentants de la Commune, et dans le bureau des passe-ports, j'ai rapporté les faits avec une scrupuleuse exactitude ; ils ne sont donc pas de mon invention. J'ai pu être trompé, sans doute, mais je ne suis coupable que de wêtre pas infaillible. Si lon peut me faire un reproche, c'est d’avoir ajouté foi à des imputations souvent répétées et d’un ton à en imposer à l’homme le plus circonspect. Pouvais-je, devais-je les révoquer en doute, articulées comme elles l’étaient dans un lieu où il était dangereux de les faire éclater, et articulées par un homme connu, dont les plaintes amères partaient d’une âme ulcérée, moment d'abandon où les lèvres sont toujours d'accord avec le cœur? Or, M. de Pernet accusait hautement M. de Joly d'avoir soustrait une pièce dont il était trop heureux de conserver la minute, et d'avoir falsifié un arrêté, de manière à lui avoir fait courir le risque d’être lanterné; ce