La correspondance de Marat

12% LA CORRESPONDANCE DE MARAT

dénigré auprès de vous, et qui s’agitent pour vous engager à repousser vous-mêmes les efforts de votre propre défenseur. La dénonciation de-ma feuille‘ à votre district par un député à la ville, ne pouvait avoir d'autre but que de vous soulever contre moi. Vous auriez pu pénétrer ses desseins par l’acharnement qu’il a mis à vous indisposer : mais souffrez que je vous demande si ce n’est pas lui qui vous aurait engagé à faire part de votre délibération aux districts des faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marcel, dans l'espoir de les soulever contre moil

Quant aux inculpations qu'il s’est permises, elles sont aussi ridicules que mal fondées. Il vous a dénoncé ma feuille comme contenant des principes faux. Au lieu de se contenter d’une simple allégation, que n’a-t-il attaqué ces principes; il m'aurait fourni l’occasion de les défendre, de vous exposer les raisons qui m'ont convaincu de leur vérité, et sans doute nous aurions fini par être d'accord. 1] prétend que ces principes ne sont propres qu'à détruire l'esprit d'union et de concorde qui doit régner entre les citoyens et ceux qu'ils ont choisis pour veiller à l’administration publique. Cela serait à merveille, si les administrateurs étaient intègres et incorruptibles : mais lorsqu'ils ne songent qu'à se rendre indépendants de leurs concitoyens pour les opprimer et s'enrichir de leurs dépouilles, cette aveugle confiance serait le dernier des malheurs. Et qui sont donc ces hommes qui prétendent seuls avoir droit de surveiller l'administration publique ? Des heureux du siècle, des suppôts de la chicane et du despotisme, des académiciens, des pensionnaires royaux, des voluptueux, des

1. À juger des franses que ma feuille cause aux ennemis de la patrie, par les démarches inconsidérées, la violence des mesures, les coups d'autorité qu'ils se permettent, on peut croire qu'elles . sont extrêmes, et que leur rage touche au désespoir : mais si leur cause était juste, et si j'avais réellement tort, que ne me réfutent-ils, au lieu de chercher à m'étouffer? (Note de Marat)