La correspondance de Marat

LA CORRESPONDANCE DE MARAT 125

lâches, qui, renfermés dans leurs maisons durant les jours de danger, attendaient en tremblant l'issue de tant d’alarmes; landis que, couverts de poussière, de sueur et de sang, vous souffriéz la faim et braviez la mort pour défendre leurs foyers, abattre le despotisme et venger la patrie. -

Dès lors parvenus aux honneurs à force de bassesses et d’inirigues, jaloux de commander en maitres, ils s'élèvent contre les citoyens courageux qui les surveillent, sous prétexte qu’ils sont seuls choisis pour veiller au salut de l'État. Mais que serions-nous devenus, le 14 juillet, si nous nous étions livrés aveuglément à leur foi, si nous les avions laissés maîtres de prononcer sur le sort de Delaunay, de Flesselles, de Foulon, de Berthier?’ si nous ne leur avions pas arraché l’ordre de marcher contre la Bastille, et de la démolir? Que serions-nous devenus, le 5 octobre, si nous ne les avions pas forcés de donner l’ordre de marcher à Versailles ?

Et que deviendrions-nous aujourd'hui, si nous continuions de nous abandonner à eux? :

Ils ont leurs raisons pour vous prêcher une aveugle confiance : mais pour sentir combien peu ils la méritent, rappelez-vous qu'it a été impossible jusqu'à présent de faire rendre (sic) à l’ancien comité des subsistances ; rappelez-vous qu'il n’a pas été plus facile d'amener la municipalité elle-même à rendre des comptes clairs et lumineux; rappelez-vous que plusieurs de ses membres ont été accusés de malvervations atroces.

Jetez ensuite les yeux sur le luxe scandaleux de ces administrateurs municipaux entretenus aux dépens du peuple, sur le faste du maire et de ses lieutenants, sur la magnificence du palais qu'il habite, sur la richesse de ses ameublements, et sur la somptuosité de sa table, où il consume en un repas de quoi nourrir 400 pauvres. Enfin Songez, songez que tandis que ces indignes mandataires dissipent dans les plaisirs les richesses de l'État, ils vous

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