La correspondance de Marat

138 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

donc de lui donner le temps de se faire entendre, un mois avant l’élection on exposera dans une salle du palais un grand tableau, où seront inscrits les noms des candidats, et il sera permis à tout citoyen d’y exposer ses raisons de récusation, qui seront ensuite constatées et jugées par l'assemblée des électeurs. Ces juges devant lesquels serant dénoncés les seuls agents de l'autorité, seront tenus de recevoir les procurations, d'en examiner les preuves, d’ordonner les moyens d’en acquérir d’autres, et de se prononcer.

Un bon code criminel et un vrai tribunal d'État sont deux puissants boulevards de la liberté publique, sans doute : mais quelque soin que l’on apporte à l'assurer par leur moyen, elle ne sera jamais solidement établie si la souveraineté du peuple en corps, la suprématie des députants sur les députés n’est pas établie par les lois fondamentales du royaume. Ce point capital de toute constitution légitime, a toujours été mis de côté par l’Assemblée nationale et par les municipalités, comme si les représentants du peuple voulaient usurper ses droits, faire leur affaire de la chose publique, s'ériger en maîtres de leurs commettants, etse dispenser d’être appelés en compte. On se souvient comment l'Assemblée nationale a enlevé par ses décrets aux électeurs tout droit de contrôle sur leurs députés; et on se souvient comment la municipalité parisienne, qui singe le législateur, a essayé par son plan d'administration d'enlever aux électeurs tout droit de contrôle sur les mandataires : plan qu’il importait de frapper d’anathème, par cela ‘seul qu'il tend à usurper aux mandataires du peuple un esprit de corps opposé au bien général, à les rendre indépendants de la commune, et à les métamorphoser en petits tyrans.

Mais qu’on juge de l'importance que la municipalité ou plutôt le cabinet attache à ce point, par les efforts qu’il ne cesse de faire pour proscrire la permanence des districts. Alarmé de leurs conférences, et redoutant leur réunion, il