La correspondance de Marat

LA CORRESPONDANCE DE MARAT 13%

a fait le diable sous main pour s'y opposer : pour donner le change au publie, le chef de la municipalité, l’âme damnée du principal ministre, à entrepris de replätrer le plan d'administration municipale qu’il avait présenté aux districts : tandis que le chef de! la garde nationale, autre äme damnée du principal ministre, a poussé le Châtelet à faire un coup de tête en décrétant M. Danton, le député : à la ville le plus éclairé et le plus intègre, le plus ferme défenseur des droits de ses commettants, et le plus vigoureux partisan de la permanence des districts. Dans l'espoir de le faire paraître coupable, en l'engageant à la fuite, le jour même que le décret fut lancé, il lui envoya un de ses aides de camp pour l'inviter à passer quelques jours à la campagne et l’as$urer qu'il arrangerait l'affaire : cependant il faisait répandre le bruit, et il le répandait lui-même dans ses coteries, que Danton était vendu au prince de Condé; comme il avait fait répandre le bruit que L’Ami du Peuple était vendu aux aristocrates dont il a combattu les projets désastreux.

Quoi qu’il en soit, il importe infiniment au salut public que les districts n’abandonnent jamais ce point capital. S'ils le perdaient, bientôt il serait anéanti; et pendant leur existence éphémère, tous leurs droits se borneraient à la rare prérogative de s'assembler pour choisir des représentants, se donner des maitres, et se perdre ensuite pour toujours dans la foule.

L'Assemblée nationale et les municipalités tiennent également leur existence du peuple; elles sont établies par lui et pour lui; c’est donc à lui seul d’examiner si les mandataires remplissent l’objet de leur mission ; c’est donc à

1. On l’accuse pareillement d'avoir fait jouer mille ressorts, pour désunir les membres du club des Jacobins, tentative criminelle qui aurait réussi sans les efforts qu'ont faits les membres patriotes. pour prévenir cette cruelle scission. (Note de Marat)