La correspondance de Marat

& LA CORRESPONDANCE DE MARAT

veux pas anticiper sur le jugement public, mais je ne crois pas me: compromettre en assurant qu'à l’aide d’un petit appareil d'instruments fort simples, je réussis au mieux à décomposer la lumière sans le secours du prisme et d’aucun milieu diaphane et à surface oblique.

Ma méthode n’a point les inconvénients des réfractions prismatiques, elle ne laisse aucun doute sur le nombre des rayons différemment colorés; ainsi elle sert à perfectionner la doctrine de Newton sur les couleurs, pour ne pas dire à en établir une nouvelle.

Ce n’est pas sans regret qu’en étudiant la nature, on se voit forcé d'abandonner les idées de ce grand homme; mais si j'infirme sa doctrine des couleurs, en revanche je rends indubitable sa doctrine sur la cause des réfractions, et cette cause je la démontre à l’œil même. J’ai examiné avec soin ses différents effets; ils sont visibles dans tous les corps. De ces observations, qui jettent le plus grand jour sur les phénomènes de la dioptrique, je tire des conséquences dont je profiterai un jour pour perfectionner les instruments d’optique et d'astronomie.

Vous concevez, monsieur le comte, que les expériences qui servent de base à ces découvertes sont absolument neuves; s'il a fallu bien des réflexions pour les imaginer, il ne faut que des yeux pour les constater.

C'est de l’observation d’un phénomène très simple que je suis parti; mais si vous saviez combien il m'en 4 coûté de recherches pour les développer dans toutes les conséquences, et dérober à la nature son secret, vous applaudiriez à la constance de mon zèle.

Ce n’est là qu’une légère esquisse, et déjà peut-être m’auriez-vous soupçonné de jactance si vous ignoriez combien je me pique d’exactitude.

Recevez, monsieur le comte, les assurances de dévouement inviolable que je vous ai voué et avec lequel j'ai l'honneur d'être, etc.

MaRaT.