La correspondance de Marat

66 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

Observations de M. Marat sur le Rapport qui précède.

Quelque peu disposée que fût l'Académie à me rendre justice, mes commissaires en particulier ne pouvaient se dispenser de rendre compte de mes expériences capitales, ce qui exigeait un travail assez long et assez délicat. On verra par les lettres sous les n° 19, 20 et 22 combien celui d'entre eux qui l'avait entrepris se trouvait embarrassé, car il s’agissait d'en dire assez pour que l’Académie fût instruite et trop peu pour que je fusse content.

Quoi qu'il en soit, cette Académie fut près de cinq mois à rédiger le rapport. Il parait par la lettre sous le n° 23 que le rapport devait être fort long, puisqu'un de mes commissaires ne pensait pas qu'on püt le terminer dans une séance ; et il est prouvé par la réponse que le secrétaire de cette Compagnie fit au billet de M. Marat, sous le n° 27, qu'une séance entière n’a effectivement pas suffi pour en faire la lecture. L'acte académique contenu en deux phrases qui m'a été envoyé le 10 mai 1780, et que j'ai mis à la tête de mon ouvrage, n'est donc pas le rapport de mes commissaires. Il est donc démontré que le rapport a été supprimé par la cabale, et que l'Académie m'a fait un déni de justice.

Voici maintenant quelques détails que je tiens de bonne part. Un seigneur de beaucoup d'esprit, à qui je n'avais pas laissé ignorer celte transaction académique, ayant un jour à diner l'académicien qui avait été chargé de mon rapport, entreprit d'en arracher l'aveu de la vérité. Comment est-il possible, dit-il à M. Le Roy, qu'un académicien tel que vous se soit oublié jusqu'à faire un rapporé .aussi ridicule que celui qui est à la tête des découvertes de M. Marat? Si vous ne vouliez pas rendre justice à l'auteur, encore ne fallait-il pas appréter à rire à vos dépens par un galimatias en style barbare, qu'un maître d'école aurait honte d'avouer. — Que voulez-vous, répondit M. Le Roy. ce n'est pas ma faute ; j'avais fait un rapport de