La correspondance de Marat

LA CORRESPONDANCE DE MARAT 67

quarante-cinq pages in-4°, où je m'étais piqué de faire connaître le travail de M. Marat; mais à chaque énoncé que ‘je faisais d'une expérience contraire au système de Newton, les géomètres me donnaient un démenti, et nous soutenaient en face, à mon confrère et à moi, que nous n'avions pas Vu le fait que nous attestions: nous avions beau insister, ils nous répondaient : « Cela est impossible, nous avons fait nos calculs. » À force de crier, ils nous ont forcés au silence. Enfin l'Académie, subjuguée par le parti le plus fort, m'a tenu lépée dans les reins pour brocher à la hâte le rapport dont vous me faites des reproches.

N° 31.

Lettre de M. le comte de Tressan, lieutenant général des armées du Roy, et depuis de l'Académie française, à M. Marat, datée de Franconville*, le 24 juillet 1780.

Ce matin, Monsieur, j'ai envoyé chez MM. Cellot et Jombert (libraires), pour avoir vos deux ouvrages sur la lumière et sur le feu, ne sachant à la fin que je pourrais m'adresser (sic), et très affligé que deux personnes que j'avais chargées de me les trouver ne me les eussent pas encore envoyés ; jugez, Monsieur, tombien il m'est cher de les recevoir de votre main; j'en ai oui faire l'éloge, mais je sais combien il est rare de trouver des lecteurs éclairés parmi même les gens de beaucoup d'esprit. Peu sont initiés dans les recherches profondes et dans'le grand art des expériences, et vous trouverez plus difficilement que personne des pairs pour vous entendre, et pour apprécier votre beau travail.

L'abbé de Tressan, Monsieur, m'a fait espérer que vous

1. Franconville, village à trois lieues de Paris, près Saint-Denis. (Note de Marat) :