La France sous le Consulat

LES EXPÉDIENTS 123

avait livré aux Anglais deux Irlandais pourvus de commissions d'officiers français, est taxé de quatre millions au minimum, de six au maximum, s’il ne veut pas être abandonné à la Prusse. La République de Gênes n'obtient la reconnaissance de son nouveau gouvernement que moyennant un prêt de deux millions. La République Batave, notre alliée, qui entretient l’armée française qui l’a délivrée des Anglais et des Russes, doit continuer de pourvoir à la solde, à l'habillement et à la nourriture de 18.000 hommes détachés de cette armée, sous prétexte que «, ces troupes ne cessent pas d’être employées pour les Bataves en se battant sur le Rhin ‘. » En même temps on songe à lui rétrocéder Flessingue, moyennant 12 millions escomptables avant la fin d'avril, 18 avant la fin de septembre 1800, 10 à 15 en 1801, ce qui « serait, écrit Bonaparte, tellement de conséquence dans notre position actuelle, qu'il faudrait regarder cette négociation comme aussi importante que celle que nous serions dans le cas d'ouvrir avec la cour de Londres ou de Vienne *. »

Mais, tout en vivant d'expédients, le gouvernement entreprenait des réformes qui allaient lui permettre d'abandonner peu à peu ces procédés qu’il réprouvait et de revenir à un régime régulier. Ces réformes, à vrai dire, avaient déjà été projetées et élaborées par le Conseïl des Cinq Cents: le mérite des Consuls Provisoires n’en demeure pas moins très grand : en pareil cas l'essentiel c'est de réaliser. Quatre décisions importantes ont été prises en novembre 1799: 1° Obligation pour les receveurs généraux des départements de verser, à compter du 20 mars 1800, les contributions directes de la mème année en douze termes, pour chacun desquels ils souscriront des rescriptions payables le premier de chaque mois ; 2° Obligation pour les mêmes

1. Bonaparte à Talleyrand, 13 janvier 1800. Correspondance, tome VI. 4. Id., ibid.