La France sous le Consulat

PAIEMENT DE LA SOLDE 199

qu'il « n'offre ni responsabilité pour 62 millions qu'il a reçus, ni garantie pour la continuation du service qu'il a entrepris, et que tout accuse, dans son traité et dans son exécution, la dilapidation et l'infidélité. »

Le paiement régulier de la solde est assuré. Il faut « que la solde soit payée avant tout. Il n’est pas suffisant qu’elle le soit à peu près, il faut qu’elle le soit exactement” ». Des mesures sont prises pour acquitter, conjointement avec la solde courante, « les sommes qui peuvent être dues pour solde de l'arriéré de l'an VIIL. »

La pénurie des finances, la continuation de la guerre et le nombre immense des ayants-droit avaient retardé jusqu'alors la liquidation des pensions de retraite. « Depuis longtemps, les militaires qui ont blanchi sous les armes, ou qui ont été mutilés dans la guerre de la liberté, étaient réduits, les uns à l'oubli le plus absolu, les autres à une modique subsistance provisoire. * » Le Premier Consul eut à cœur d’acquitter cette dette sacrée. Un bureau temporaire termina, en moins de deux mois, la liquidation de 41.513 soldes de retraite’ arriérées. « Que chacun soitconvaincu, dit un ordre du ministre de la guerre à l’armée, qu'à l'avenir tout militaire réformé pour ancienneté, pour blessures ou pour infirmités, recevra, aussitôt son retour, dans ses foyers, la solde de retraite à laquelle il aura droit. » — Les invalides, dont le nombre s’est énormément accru dans les dernières années du Directoire, sont l’objet d’une sollicitude toute particulière du Premier Consul, qui met le château de Versailles à la disposition du ministre de la guerre pour y loger des militaires invalides, fonde à l'hôtel des Invalides une bibliothèque de 20.000 volumes, élablit des manufactures pour occuper les militaires et améliorer les existences, augmente

1. Corr., t. VII, à Berthier, 10 juin 1802. 2. Circulaire du ministre de la guerre du 18 nivôse, an IX, mise à l'ordre de l'armée.