La France sous le Consulat

16 LA FRANCE: SOUS LE CONSULAT

voir législatif et à la quasi annulation du droit électoral, on prit moins de précautions pour les faire accepter, tant la majorité des Français était lasse du gouvernement des assemblées et dégoûtée des excès du suffrage populaire.

Le dernier article de la constitution portait qu’elle serait offerte de suite à l’acceptation du peuple français. Dans chaque commune étaient ouverts des registres où les citoyens étaient appelés à consigner leur vote. « La Constitution, disaient les Consuls dans leur proclamation du 15 décembre 1799, est fondée sur les vrais principes du gouvernement représentatif, sur les droits sacrés de la propriété, de l'égalité, de la liberté. Les pouvoirs qu’elle institue seront forts et stables, tels qu'ils doivent être pour garantir les droits des citoyens et les intérêts de l'Etat. Citoyens, la révolution est fixée aux principes qui l'ont commencée. Elle est finie. »

Dans les circonstances et dans les termes où la question était posée, la réponse ne pouvait être douteuse. Mais Bonaparte prétendait tenir de la souveraineté populaire l'investiture du pouvoir qu'il s'était attribué. Le plébiscite de l'an VIT approuva donc le Consulat décennal par 3.011.007 voix contre 1.562 opposants, comme d’autres plébiscites devaient approuver successivement le Consulat à vie, l'Empire absolu et l'Empire constitutionnel, et, plus tard, par une contrefaçon des mêmes actes, la Présidence décennale du neveu du Premier Consul, et le second Empire sous ses formes absolutiste et parlementaire. Au reste, Bonaparte escompta les résultats prévus de cette consultation. Sans attendre la clôture des registres, voire même leur ouverture dans des départements éloignés, il se fonda sur ce que « l'accueil que la constitution nouvelle avait reçu à Paris et dans les départements ne permettait pas de douter que la presque unanimité des citoyens n’acceptàt ce nouveau pacte des Français », pour demander