La France sous le Consulat

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trouve au dépôt de notre demi-brigade en qualité de sergent. Ayant appris par mes camarades que vous aviez souvent parlé de moi en Egypte, je vous prie de ne pas m'abandonner, en me faisant connaître que vous vous souvenez de moi. » — « J'ai reçu votre lettre, mon brave camarade, répond le Premier Consul, le 15 janvier 1800 ; vous n’aviez pas besoin de me parler de vos actions. Vous êtes le plus brave grenadier de l’armée après la mort du brave Benezette. Vous avez un des cent sabres sur ceux que je distribue à l’armée. Tous les soldats étaient d'accord que vous étiez le modèle du régiment. Je désire beaucoup de vous voir ; le ministre de la guerre vous en envoie l’ordre. Je vous aime comme mon fils ‘. »

De pareils documents jettent une vive lumière sur l’âme de cette armée, encore républicaine par son amour de la patrie et de l'égalité, sa haine des émigrés, des prêtres et des rois, déjà impériale par son attachement et son culte pour un homme qui incarne et accapare la patrie, par sa tendance à former une caste et à considérer les armes comme une une source d'honneurs et de profits.

1 Corr. Vie