La France sous le Consulat

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carnaval où les élégantes, déguisées en poissardes, portent le casaquin bleu et le mouchoir rouge sur la tête. Les émigrés, à leur retour, ressuscitèrent le Bal de l'Opéra dont la réouverture eut lieu le 24 février 1800 : il fut de bon ton dans la société d'y aller masqué, les femmes en domino, les hommes en frac. — Pendant la belle saison, ces bals sont délaissés pour le Jardin de Tivoli, créé par Boutin, ancien trésorier de la marine guillotiné en 1794, et transformé après sa mort en lieu de plaisir public. On y admire les feux d'artifice de Ruggieri, des ascensions aérostatiques, des expériences de physique, des jeux de bague ; on y consulte un sorcier célèbre ; on y prend des glaces en écoutant de la musique et en regardant défiler les toilettes les plus élégantes de Paris. Ses rivaux sont : le Jardin Marbeuf, qui à remplacé le Jardin d’Idalie, avec une laiterie Suisse et un cabinet de lecture où l’on peut lire tous les romans nouveaux ; les bals bourgeois de l'Elysée et du Jardin des Capucines. Au Bois de Boulogne, les fêtes champêtres du Ranelagh et de la Muette, les soirées féériques du pare de Bagatelle attirent un monde fort mélangé d’enrichis et de viveurs.

On se promène le jour et le soir au Palais-Royal, soit dans le jardin, soit dans les Galeries de pierre qui le bordent de trois côtés, soit dans les fameuses Galeries de bois habitées par des lingères, des marchandes de modes, des libraires et des coiffeurs et où les familles honnêtes ne se risquent pas. Les gens d’affaires et de finance affection nent, pour leurs parties de plaisir, le Parc Monceaux, peuplé de statues, de colonnades, de temples, de ruines. Aux Tuileries, l'allée située au-dessous de la terrasse des Feuillants et divisée en deux par une double rangée d’orangers et de grenadiers, est redevenue le rendez-vous de la société élégante : les bonnes d'enfants, les vieillards, les promeneurs sans prétentions occupent le reste du jardin. Dans les soirées d'été, surtout le dimanche, les promeneurs cir-