La France sous le Consulat

LE BRIGANDAGE 27

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pour la plupart de leurs partisans qu'un prétexte de vols et de pillage. Les chouans, n'étaient au fond que des brigands royalistes; la chouannerie, un brigandage politique. Arrôter les diligences, détrousser les courriers, faire main basse sur les fonds publics, abattre les arbres de la Liberté, brûler les archives, tondre les municipaux, enlever les armes des gardes nationales, saccager les logis des riches patriotes, des acquéreurs de biens nationaux, les forcer en les « chauffant » de révéler la cachette de leur argent, prendre l'argent, tuer les propriétaires, incendier la maison, tels étaient leurs exploits ordinaires". « Dans plus de trente autres départements il y avait des Vendées intermittentes et disséminées * »: là, le masque politique et religieux, qui recouvrait ailleurs tant bien que mal le vol etle meurtre, ne dissimulait plus le brigandage endémique et organisé. Tel était le cas notamment du Midi, de la Provence et du Languedoc, des départements des deux rives du Rhône de Marseille à Lyon. Ce ne sont plus seulement des Vendées mais des Calabres. Les campagnes sont la proie des bandes qui saccagent les propriétés, enlèvent le maigre contenu des caisses publiques, rançonnent les particuliers, attaquent et pillent les diligences, coupent les communications entre Avignon, Aix, Marseille, Toulon, Lyon. Sur les routes dégradées et défoncées les rares voyageurs ne peuvent cireuler qu'avec des passe-ports des chefs de brigands et à condition de s'être rachetés du pillage. Volontairement ou par peur, les habitants des petites villes et des villages sont les complices des brigands : ils les avertissent de l'approche des troupes, les cachent, refusent obstinément de les dénoncer, de témoigner contre eux en justice, de les déclarer coupables étant membres du jury.

1. Albert Sorel, Un partisan, Louis de Frotté, dans les Lectures historiques, Paris 1894.

2. Taine, Origines de la France contemporaine, Régime moderne, tome er, page 135,