La France sous le Consulat

28 LA FRANCE SOUS LE CONSULAT

La sécurité n’est guère plus grande dans les villes. Français (de Nantes), un des conseillers d'Etat en mission, fait le tableau suivant de Toulon en 1800 : « Point de gendarmerie dans la ville ; point de réverbères ; toutes les nuits des boutiques enfoncées et volées; point de pavés ; point de propreté; point de sûreté ; point d'octroi; point de pain aux hospices. » Aux barrières mêmes de Paris, les préposés de l’octroi sont obligés de soutenir des combats contre des bandes de contrebandiers qui tentent d'introduire leurs marchandise de force, pour le compte de spéculateurs sans scrupules. A toutes ces ruines publiques et privées, à la guerre civile, au brigandage, s’ajoutait la proscription et la persécution de deux catégories de Français, les émigrés et les prêtres catholiques.

Les émigrés, en vertu des décrets de la Convention de 1793 et 1794, élaient bannis à perpétuité du territoire français ; ils étaient morts civilement ; leurs biens étaient acquis à la République. S'ils rentraient en France, ils étaient condamnés à mort sur la seule constatation de leur identité. Le Directoire, tout en conservant et en appliquant dans leur rigueur les décrets de la Convention contre les émigrés, avait, en 1797, exclu leurs parents et leurs alliés de toutes fonctions publiques, les avait dépossédé de leurs droits électoraux, et avait assimilé les anciens nobles aux étrangers. En 1799, sous le coup de l’affolement causé par la guerre civile renaissante et les revers extérieurs, il avait autorisé, par la loi du 12 juillet, les administrations centrales à prendre des otages parmi les alliés et parents d’émigrés et les ex-nobles, et à les rendre responsables des attentats commis contre les personnes et les biens des républicains.

Aux émigrés il faut joindre les victimes des luttes des partis, celles notamment du coup d’Etat du 18 fructidor.

Les mêmes proscriptions et les mêmes persécutions