La France sous le Consulat

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pouvait se servir de Bonaparte, il importait de le détruire le plus tôt possible, avant que son gouvernement n'eût jeté des racines plus profondes.

Les chouans, vaincus mais non soumis, fournirent des hommes d'exécution résolus, entreprenants, peu scrupuleux sur le choix des moyens. Leur principal chef, Georges Cadoudal, après avoir semblé un instant disposé à se rallier à Bonaparte, était passé en Angleterre où, « accueilli avec beaucoup de distinction par le gouvernement anglais, » il avait recu de « Monseigneur le comte d'Artois, au nom du Roi, le cordon rouge, le grade de lieutenant-général, et des félicitations sur sa conduite honorable". »

Dans les derniers mois de 1800, il revint en Bretagne pour essayer d'y ranimer la guerre civile et organiser des coups de main et des complots. Il a été l’instigateur de celui de la machine infernale, tout en niant constamment avoir autorisé ce moyen de destruction. Trois chouans, Saint-Régeant, Carbon et Limoëlan, vinrent à Paris pour tuer Bonaparte. Saint-Régeant, ancien officier de marine, fabriqua la machine, un baril rempli de poudre, de balles et d'artifices. Le baril caché dans une charrette fut conduit dans la rue Saint-Nicaise”?, étroite et sinueuse, que devait traverser le Premier Consul en se rendant à l'Opéra, dans la soirée du 3 nivôse an IX (24 décembre 1800). La voiture du Premier Consul, conduite à grande allure, et qui, contrairement à l'habitude, était suivie et non précédée de grenadiers à cheval, avait déjà dépassé la charrette, lorsque l'explosion se produisit. Quatre personnes furent tuées du coup, soixante blessées, quarante-six maisons endommagées : Bonaparte était intact.

L'émotion fut extrême. Le Premier Consul accusa les révolutionnaires. Malgré les doutés des membres du gou-

1. Biographie universelle, t. 17. Paris, G. Michaud, 1816. 2. Cette rue menait du Carrousel à la rue Saint-Honoré.

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