La France sous le Consulat

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goûtée de la licence d’une presse discréditée, l’approuva.

Encouragé par le même sentiment de lassitude et de mépris provoqué par les discussions violentes et stériles des assemblées du Directoire, Bonaparte brisa l’opposition que permettait encore le mode d'élection et de recrutement des assemblées de l'an VIIL Le Corps législatif, auquel la constitution interdisait la discussion, ne pouvait être bien gênant, sans parler de la docilité connue de la plupart de ses membres. En dehors de quelques mesures financières, il n'avait rejeté qu’un projet de loi attribuant au tribunal de cassation le droit de poursuivre les fonctionnaires de l’ordre judiciaire pour délits professionnels ; encore cette loi fut-elle adoptée peu de temps après avec quelques modifications de forme.— Quant au Tribunat, « qui semblait destiné à compenser Île silence imposé au Corps législatif, qui discutait toujours, sans qu'aucun résultat définitif, fût jamais attaché à ses délibérations, sur lequel ne pesait aucune responsabilité, ce corps pouvait bien n'être pas très redoutable ; il en pouvait sortir quelquefois de bons et utiles conseils, mais on devait s’attendre à les voir surgir dans un flot de paroles inutiles quand elles ne seraient pas dangereuses! ». Ce fut dans cette assemblée que se forma le principal foyer d'opposition, non contre le Premier Consul, mais contre certains actes et contre les tendances de son gouvernement, opposition dont les représentants les plus marquants furent des constitutionnels comme Benjamin Constant, représentant de la société qui se réunissait dans le salon de Madame de Staël, des littérateurs comme Ginguené, d'anciens conventionnels comme Daunou et Chénier. Elle se manifesta dans la discussion du Code civil, dont certaines dispositions relatives à la confiscation et au droit d’aubaine parurent trop dures ou mal rédigées, et dans celle du projet de loi

4, Pasquier, Mémoires, tome [°", chapitre X, page 251.