La France sous le Consulat

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mait, pour le remplacer, une commission de vingt-cinq membres. « Ces deux commissions ne pouvaient rien sans l'initiative du gouvernement, qui l’exerçait en provoquant l'attention de la commission des Cinq-Cents sur un objet déterminé; celle-ci rédigeait sa résolution, qui était convertie en loi par la commission des Anciens‘ ». Outre les affaires urgentes sur lesquelles elles étaient appelées à prononcer, elles devaient préparer une nouvelle constitution et un code civil.

Ainsi investis du pouvoir, les trois consuls s’installèrent au palais du Luxembourg. L'acte du 19 brumaire n’établissait entre eux aucun rang. Une tradition erronée, rapportée dans le Fragment sur les Consuls provisoires qui fait partie des œuvres de Napoléon à Sainte-Hélène, et reproduite par un grand nombre d’historiens, veut qu'à la première réunion des consuls, dans la matinée du 11 novembre, Roger-Ducos ait prévenu un conflit imminent entre Bonaparte et Siéyès en disant au général, à leur entrée dans le cabinet des consuls : « Il est bien inutile d'aller aux voix pour la présidence ; elle vous appartient de droit » : après quoi, Bonaparte aurait pris avec la présidence la direction du gouvernement. Le registre des délibérations du Consulat provisoire, conservé aux Archives nationales et publié par M. Aulard, montre que les choses se sont passées tout différemment. A cette première séance, Siéyès et Roger-Ducos eurent soin d'écarter Bonaparte de la présidence, au cas où il songerait à l’usurper : ils proposèrent et l’on vota qu'il n'y aurait pas de président, mais un consul de jour. Chacun devait être consul de jour pendant vingt-quatre heures, suivant l’ordre alphabétique. C'est pour cette raison que Bonaparte s’assit au fauteuil le 11 novembre ; mais Roger Ducos lui succéda le 42, le 13

4. Napoléon, Fragment sur les Consuls provisoires (OEuvres de Sainte-Hélène), tome XXX de la Correspondance. Paris, 1870,"p. 840).