La France sous le Consulat

86 LA FRANCE SOUS LE CONSULAT

contre tout individu qui recèlerait Georges et ses compagnons. Pichegru, livré par l'ami auquel il avait demandé asile, fut arrêté le 28 février dans son lit, après s'être battu une demi-heure à coups de poing contre quatre gendarmes. Georges ne fut pris que le 19 mars, sur la place de l'Odéon, comme il allait en cabriolet, sous un déguisement, à un rendez-vous pour avoir des renseignements sur la possibilité de franchir les murailles des barrières. En cherchant à s'échapper, il tua d’un coup de pistolet un inspecteur de police et en blessa un autre grièvement. Il avait débarqué à la falaise de Biville, le 21 août 1803, et s'était caché à Paris depuis six mois dans différents domiciles. Il avoua que son intention était d'attaquer le Premier Consul, mais il ajouta qu'il attendait « pour agir, qu'un prince fut revenu à Paris, et que ce prince n’y était point encore. » Quant à Moreau, il montra « la plus grande consternation », dans son interrogatoire ; nia tous les faits qui lui étaient imputés, « même d'avoir jamais eu de nouvelles de Pichegru depuis le 18 fructidor” ».

La complicité des Bourbons dans le complot organisé par Georges contre la vie du Premier Consul résultait manifestement des aveux des conjurés. Un instant on espéra mettre la main sur le comte d'Artois, ou sur son fils le duc de Berry, qui étaient, pensait-on, l’un ou l’autre, le prince attendu en France. Sur les révélations de Quérelle, le général Savary, commandant la gendarmerie d'élite, se rendit déguisé à Biville, en compagnie d'un ancien chouan gagné par la police, pour saisir à leur débarquement le prince et ses compagnons attirés sur la côte par des signaux trompeurs. Il les attendit vainement pendant vingt-huit Jours.

L'attention du Premier Consul fut alors détournée vers un autre prince de la maison de Bourbon, le duc d'Enghien,

1. Napoléon, Correspondance, tome IX, à Soult, 19 février 1804; à Davout, id.