La France sous le Consulat

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Une stupeur et une horreur générale aecueillirent la nouvelle de cet attentat, qui renouvelait les procédés terroristes dans le moment où le Premier Consul. paraissait avoir répudié toute solidarité avec les révolutionnaires. Ces sentiments se manifestèrent jusque dans sa famille et son entourage. Il en fût gêné et éprouva le besoin de s'expliquer publiquement. Le 21 mars, à la Malmaison, comme le diner finissait, il prononça ces paroles d'une voix sèche et rude: « Au moins ils verront ce dont nous sommes capables, et dorénavant, j'espère, on nous laissera tranquilles. » Il y revint dans la soirée. « Ces gens-là, dit-il, voulaient mettre le désordre dans la France et tuer la Révolution dans ma personne; j'ai dû la défendre et la venger. J'ai montré ce dont elle est capable. Le duc d'Enghien conspirait comme un autre, il a fallu le traiter comme un autre... J'ai versé du sang, je le devais, j'en répandrai peut-être encore, mais sans colère, et tout simplement parce que la saignée entre dans les combinaisons de la médecine politique. Je suis l'homme de l'État, je suis la Révolution française, je le répète, et je la soutiendrai'. »

Le procès de Georges Cadoudal, de ses complices et du général Moreau qu’on leur avait associé, s’ouvrit le 28 mai 1804 devant le tribunal criminel de la Seine, jugeant sans Jurés. Un sénatus-consulte avait suspendu pour deux ans le jury dans la poursuite des attentats contre le Premier Consul. Au moment où l'instruction du procès allait commencer, Pichegru avait été trouvé étranglé dans la prison du Temple (6 avril 1804). L'opinion publique, sous l’impression toute récente de l'exécution du duc d'Enghien, n'avait pas manqué d'attribuer cette mort à Bonaparte.

Le chancelier Pasquier, que ses fonctions de préfet de police en 1810 ont mis à même d’être renseigné de première main, se croit fondé à assurer, après l'enquête

1. Mémoires de M”° de Rémusat, t. 1, chap. 5.