"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

332

CHAPITRE VI.

dont elle est composée en strophes d’à peu près égale longueur et finissant sur un refrain qui varie très peu : « Le riche bey de Moïna épouse la belle Sophie », ou « Tu es l’épouse du riche bey de Moïna », etc. ; mais pathétique aussi, par le contraste que fait la joie des cérémonies nuptiales avec l’atrocité du dénouement. La « couleur », comme toujours, Mérimée l’emprunte à Fortis, ainsi que la matière de ses notes. Couleur toute superficielle qui n’a d’autre raison d’être que de situer la scène dans un pays plutôt que dans un autre. Simple prétexte pour citer le Voyage en Dalmatie et faire preuve d’érudition.

Voyage en Dalmatie : On conduit à l'église l'épouse voilée, au milieu des svati à cheval. Après la cérémonie de la bénédiction, on la ramène à la maison de son père, ou à celle de son époux, si elle est peu éloignée, parmi les décharges d’armes à feu et parmi les cris de joie et des témoignages d’une allégresse barbare. .. Le stari-svat est le premier personnage de la noce, et cette dignité se donne toujours à l’homme le plus considéré parmi les parents. .. Les deux diveri destinés à servir l’épouse, doivent être les frères de l’époux. Le kuum fait les fonctions de parrain...

Avant d’entrer dans la maison, la mariée se met à genoux et baise le seuil de la porte ; sa belle-mère

La Guzla : [Les svati] Ce sont les membres des deux familles réunis pour le mariage. Le chef de l’une des deux familles est le président des svati, et se nomme stari-swt.Deux jeunes gens, appelés diveri, accompagnent la mariée et ne la quittent qu’au moment où le kuum la remet à son époux. Pendant la marche de la mariée, les svati tirent continuellement des coups de pistolets, accompagnement obligé de toutes les fêtes, et poussent des hurlements épouvantables. Ajoutez à cela les joueurs de guzla et les musiciennes, qui chantent des épithalames souvent improvisées, et vous aurez une idée de l’horrible charivari d’une noce morlaque. La mariée, en arrivant à la maison de son mari, reçoit des mains de sa belle-mère ou d’une