"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

LE MERVEILLEUX DANS « LA GUZLA ».

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Il a laissé son aimable comtesse Entre les mains d’un méchant intendant Qui l’a voulu séduire par finesse, Et l’honneur lui ravir subitement ; Mais cette dame Pleine de charmes N’y voulut consentir nullement. Composée d’abord en latin, cette légende doit sa popularité surtout au célèbre ouvrage du jésuite René de Cerisier : Vlnnocence reconnue, ou Vie de Sainte Geneviève de Brabant (Paris, 1638) L Elle a inspiré plusieurs écrivains français ; Corneille-Blessebois 2 , D’Aure 3 , La Chaussée, Lévrier de Champriontz Cécile, Anicet Bourgeois, ont fait de cette touchante histoire le sujet de tragédies, de drames, de mélodrames. Duputel et Louis Dubois ont publié chacun un roman sur ce sujet, 1805, in-B°, et 1810, 2 vol. in-12. Berquin en a fait l’objet d’une romance fort connue. En Allemagne, des romanciers, des auteurs dramatiques, Tieck et Hebel entre autres, ont exploité la même matière 5 . A ce récit, devenu quelque peu banal pour avoir été trop raconté, Mérimée a donné une couleur nouvelle ; un enchantement produit par un crapaud noir met la belle Hélène dans une situation telle que son mari a bien quelque raison de l’accuser. C’est à Porta encore

1 On la rencontre pour la première fois dans la Légende dorée de Jacques de Voragine. B. Seuffert, Die Legende von der Pfalzgrüfln Genovefa, Würzburg, 1877. 2 Les Soupirs de Siffroi, ou l’innocence reconnue, tragédie, 1675. (Voir sur cette pièce singulière le Catalogue de la bibliothèque dramatique de M. de Soleinne,t. 11, p. 24.) 3 Geneviève, ou l’innocence reconnue, tragédie chrétienne, 1679. 4 Geneviève de Brabant, comédie, 1793. s Bruno Golz, Pfalzgrâfm Genovefa in der deutschen Dichtung, Leipzig, 1897.