"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

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chapitre vni.

cour et à celles qu’on donnait sur la santé de M. Canning qui devait mourir quelques jours après la publication de la Guzla. I 2 CRITIQUES DU TEMPS . Les critiques ne manquèrent pas ; généralement la louange y domine, mais il s’y mêle ici et là, au moins dans quelques-unes, quelques pointes de facile raillerie. Le mardi 7 août 1827, la Réunion, «journal de la littérature, des sciences, des arts, des tribunaux, des théâtres et des modes » (3 B année, n° 208), consacra à la Guzla une colonne, c’est-à-dire le huitième de son numéro entier. « Le perfectionnement graduel des beaux-arts en France, y disait-on, dans un siècle de force et de vie ne nous a pas rendu insensibles aux beautés simples et irrégulières des peuples moins avancés que nous. A côté de la noble et imposante musique de Moïse, nous aimons à répéter le chœur écossais de la Dame blanche, et les montagnards tyroliens ont charmé par leur simple mélodie les mêmes hommes qu’avaient ravi les chants passionnés de la Pasta. Après les Messéniennes de Casimir Delavigne et les Méditations de Lamartine, voilà qu’un chantre demi-sauvage, Hyacinthe Maglanovich, fils d’un cordonnier dalmate, enlevé par des Bohémiens qui lui apprennent leurs tours et le convertissent à l’islamisme à l’âge de huit ans, puis reconverti au christianisme par un moine catholique qui l’aide à voler l’aga turc son maître, vient à son tour captiver notre attention par les sons un peu aigus quelquefois de sa guzla ou guitare montée d’une seule corde de crin.