"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

« LA GUZLA » EN FRANCE.

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raison. L’autre, est une imitation assez grâcieuse de la Galatée de Tliéocrite : Nerine (ialatea, thymo mihi dulcior Hyblœ Candidior cycnis, hedera formosior alba, etc. La neige du sommet du Prolog n’est pas plus blanche que n’est ta gorge. Un ciel sans nuage n’est pas plus bleu que ne sont tes yeux; l’or de ton collier est moins brillant que ne sont tes cheveux, et le duvet d’un jeune cygne n’est pas plus doux au toucher. Quand tu ouvres ta bouche, il me semble voir des amandes sans leur peau. Heureux ton mari ! puisses-tu lui donner des fils qui te ressemblent ! Après avoir cité le Morlaque à Venise, le critique finit en disant : « Je répète mon assertion : si les auteurs ont prétendu nous initier aux usages et aux mœurs d’une contrée neuve encore pour nous, c’est une couronne qu’il faut leur décerner ; car le succès est complet. S’ils n’ont voulu qu’insulter aux grands modèles, et mettre en problème les règles éternelles du beau, il faut les marquer d’un stigmate connu des ennemis de la civilisation; nigrum prœfigere thêta; car on doit de l’indulgence à la faiblesse qui s’égare; mais on ne doit que de l’animadversion au talent qui cherche à nous égarer 1 . » Le 29 septembre, le Globe, à son tour, fut dupe de Mérimée. « Il semble que la guzla des Slaves, y disait un critique anonyme, sera bientôt aussi célèbre que la harpe d’Ossian. Tandis que Madame Belloc nous traduit les poésies serviennes, voici qu’un Italien pour qui la France est devenue une seconde patrie nous donne quelques échantillons des pismés ou chants illyriens. Qui sait si bientôt nous ne posséderons pas X Osmanide, ce poème épique des Dalmates, aussi célèbre chez eux qu’il

1 Gazette de France du 19 septembre 1827.